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Etude : L’argent dans Le Père Goriot d’Honoré de Balzac

Introduction

Dans Le Père Goriot, l’argent se décline en or, monnaie, pièce, sou, richesse, fortune, capital, brevet, banque, avoirs, valeurs, intérêt, reconnaissances, etc. L’occurrence de ces mots montrent à quel point le thème de l’argent est pertinent pour comprendre ce roman de Balzac, et ainsi la société parisienne dans la première moitié du 19ème siècle.


Celui qui le plus connaît la signification de l’argent est le père Goriot, aussi quand il affirme que « l’argent, c’est la vie » p.208, on ne peut que vraiment y souscrire

 

. Et dans ce roman, l’argent est synonyme beaucoup trop de choses qui sont les fondements de la vie.


L’argent est le fil d’Ariane qui relie tous les personnages. D’abord le père Goriot ne voit ces filles que lorsqu’elles ont besoin d’argent


L’argent permet de se bien placer sur l’échelle sociale. Cet ascenseur social utilisé par les filles Goriot est le même qui a décliné la famille d'Eugène de Rastignac qui explique qu’ils ont perdu leur titre de chevalier de Rastignac le jour où le roi a fait perdre la fortune à la famille.
L’argent permet de se blanchir, de devenir ce que l’on veut, qui l’on veut. Il ennoblit.
Tous les moyens, semble-t-il, sont bons pour avoir de l’argent. Presque tous moyens de recherche de profit se rencontrent dans la ville de Paris.


Le chantage amoureux, c’est l’expédient utilisé par le mari de Delphine ainsi que l’amant d’Anastasie, Maxime de Trailles dont le dernier coût réussi à merveilles lui permit de disparaître de la vie de cette dernière. «Monsieur de Trailles est parti, laissant ici des dettes énormes, et j'ai su qu'il me trompait » finit par comprendre trop tard Anastasie.


Le seul moyen catholique pour se procurer honnêtement de l’argent reste, comme toujours bien sûr, le travail. Mais dans cette société où le travail n’offre que le minimum pour subsister, Vautrin est certain qu’il faut d’autres moyens, et il dit à Rastignac « Le travail, compris comme vous le comprenez en ce moment, donne, dans les vieux jours, un appartement chez maman Vauquer à des gars de la force de Poiret. ». Et Rastignac le sait bien.


 

L’obsession de l’argent. L’argent devient pour les habitants de Paris une fixation.. Rastignac maintenant « se demandait où et comment il se procurerait de l'argent. »

 

L’absence de fortune est aussi synonyme de perte d’amour. Les filles de Goriot se ruinent pour se faire aimer : Anastasie est escroquée par Maxime de Trailles et le baron de Nucingen vole Delphine.

Pour Eugène de Rastignac, il compte d’abord trouver une femme, et s’enrichir. Mais son seul problème est qu’il a des scrupules, de sorte que le père Goriot dit de lui :« monsieur de Rastignac est un jeune homme incapable de ruiner sa maîtresse ». C’est la raison pour laquelle Vautrin le met en garde que les deux s’excluent, et qu’il faudra choisir.
Les sentiments d’amour et l’argent ne font pas bon ménage. En effet pour avoir la fortune, il ne faut pas aimer ou bien il ne faut pas le découvrir, tel est le conseil que la vicomtesse de Beauséant donne à son neveu Rastignac : « Voyez−vous, vous ne serez rien ici si vous n'avez pas une femme qui s'intéresse à vous. Il vous la faut jeune, riche, élégante. Mais si vous avez un sentiment vrai, cachez−le comme un trésor ; ne le laissez jamais soupçonner, vous seriez perdu. Vous ne seriez plus le bourreau, vous deviendriez la victime. ».
On voit bien que l’amour, la vie, la mort et l’argent sont inséparables. Même l’amour familial est ici abîme par l’argent « Ce père avait tout donné. Il avait donné, pendant vingt ans, ses entrailles, son amour ; il avait donné sa fortune en un jour », remarque madame de Langeais. Et quand Rastignac qui sait la situation de sa famille écrit des lettres pour leur demander de l’argent, il sait que sa vie est en jeu, ce qu’il exprime en ces termes : « si je n'avais pas cet argent, je serais en proie à un désespoir qui me conduirait à me brûler la cervelle. ». Ces quelques exemples montrent combien l’argent est source de vie dans ce roman.

 Le cynisme de la morale de Vautrin

 

· Vautrin justifie la rudesse de ses conseils par le constat qu'il dresse de l'état de la société. La morale de Vautrin se présente comme la conséquence d'une nécessité.

· La démonstration de Vautrin s'appuie sur l'énoncé de chiffres « quinze cents francs », « cent sous »,

 

« cinquante mille jeunes gens ».La tonalité mathématique est renforcée par le lexique « problème », « résoudre », « unité », « nombre ».

 

· Le style juridique « attendu que » inscrit le discours de Vautrin dans la dimension de la loi.

 

· Le texte met en évidence le but visé par Rastignac et loué par Vautrin.

· Les moyens sont validés par la grandeur de la fin : « Parvenir. Parvenir à tout prix ».

· La répétition du verbe « parvenir » et le choix de l'italique indique l'aspect obsessionnel de ce but. La formule annonce l'absence de scrupules que Vautrin illustre dans ses conseils.

· Son constat  s'appuie sur le désarroi de la génération des jeunes gens de la Restauration.

 

· Les idéaux de la Révolution et de l'Empire ont péri. L'ambition ne peut s'assouvir que par le combat individualiste pour l'ascension sociale.

· La peinture  d'une société cruelle n'autorise en fait qu'une solution : l'arrivisme sans scrupules.

· L'axiome final « l'honnêteté ne sert à rien » en témoigne.

 

 

Conclusion
L’argent donc signifie pour ces personnages noblesse, beauté, amour, respectabilité, bonheur.
De l’argent honnêtement gagné est souvent bien dépensé. C’est au fond ce que nous apprend la mère de Rastignac qui lui dit après lui avoir envoyé de l’argent : « Fais un bon emploi de cet argent ». Dans un monde où l’argent règne comme un roi, il serait sacrilège d’ « être sur la paille », comme le dit le père Goriot. On aura été, au moins le temps d’une lecture, des analystes commerciaux, et qu’on aura compris les rouages de la spéculation pour ne pas « déposer son bilan ». Qu’est-ce qu’on aura pas appris dès lors dans Le Père Goriot? Sachant tous les dégâts occasionnés par l’argent, ne faut-il pas jubiler à la manière d’Agathe si sa perte nous ôte de nos soucis ? Nous soumettons cette interrogation à la méditation de chacun, et enfin conseillons la lecture des deux lettres de la mère d’Eugène et de ses deux sœurs, comme si ell
es nous étaient adressées

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